Patrimoine à Mosset

Mosset, "ville" médiévale

Le patrimoine bâti et architectural de la vallée de Mosset témoigne d’une histoire riche et tumultueuse, façonnée au fil des siècles. Située à la frontière entre le royaume catalano-aragonais et le Royaume de France, la région a été un carrefour culturel et politique du XIe au XVIIe siècle, jusqu’au traité des Pyrénées. C’est pour se défendre que le village a fait construire de solides fortifications dès le XIIe siècle. Au XIIIe siècle, une seconde muraille est érigée pour protéger le château et les habitations. Trois portes permettaient d’accéder à la cité : le Portal de Santa Magdalena au Sud, le Portal de França à l’Ouest, et le Portal de Coma Gelada à l’Est.
Aujourd’hui, le castrum conserve des vestiges impressionnants de son enceinte fortifiée, dont des chemins de ronde, une tour, une tourelle d’angle, des bretèches à machicoulis… Une façade médiévale a également été rénovée, avec des encadrements de fenêtres en marbre blanc du XVIe siècle, lorsqu’elle est devenue la résidence des seigneurs de Mosset, les Galceran de Cruilles et de Santa Pau. 

Eglise Saint Julien et Ste Baselisse

L’église Saint Julien et Ste Baselisse a été construite en 1362, puis reconstruite en 1632 et 1647,

L’église primitive a été construite en 1362 sous le nom de Capella nova Sancta Juliani de Mosseto et érigée en paroisse en 1395. Le porche de l’église et la galerie d’arcades, appelés « els claustres », viennent compléter l’ensemble architectural.

Le clocher, construit en pierre de granit, se distingue par ses ouvertures, corniches, arcades et gargouilles en marbre blanc provenant de la carrière des « Encantades » (les fées). Il abrite quatre cloches, dont deux, datant de 1407 et 1452, sont classées aux Monuments Historiques depuis 2023. Surmonté d’un campanile, le clocher porte également la cloche de la chapelle des Vedrinyans (XVIe siècle). À la fin du XIXe siècle, une horloge fut installée au sommet du clocher, et mécanisée en 1950, elle fonctionne encore aujourd’hui.

Selon la légende, au lendemain de la Révolution, un pin sylvestre aurait pris racine spontanément dans une fissure de la roche au sommet du clocher. Ce pin, symbole de vie, de fertilité, de ténacité et de résilience, représente également le lien profond et respectueux des habitants de Mosset avec leurs racines et leur terre ancestrale.

L’église est un imposant sanctuaire à nef unique et chevet plat, avec six chapelles latérales séparées par de solides murs de décharge. Une tribune couvre la dernière travée de la nef. Elle a été restaurée à deux reprises : la première en 1871, après l’effondrement de la voûte, sous la direction de l’artiste peintre Duvigneau, et la seconde par l’artiste néerlandais Gérard Van Westerloo, qui a réalisé un ravalement intérieur en faux marbre, couvrant la nef, les chapelles et leurs autels. Depuis 1983, un programme de préservation du mobilier liturgique, soutenu par le Centre de Restauration du Patrimoine (Conseil Départemental 66), a permis de conserver de nombreux objets précieux tels que des retables, statues, peintures, reliquaires, calices, coffrets et lustres. Ces œuvres témoignent de la richesse de la dévotion locale, marquée par la Contre-Réforme, et de l’affirmation du culte de la Vierge et des Saints intercesseurs, créant ainsi un lien spirituel fort entre les fidèles et Dieu.

(Des fascicules sur l’église de Mosset sont disponibles à la Tour des Parfums).

Patrimoine remarquable à Mosset

Outre l’église Saint Julien et Sainte Baselisse, un bâti remarquable témoigne de cette histoire où Mosset portait le nom de « Ville ».

  • la Llotja avec ses 2 arcades et son puit qui fut le siège des consuls, députés du  Parlement de Catalunya de 1379 jusqu’au traité des Pyrénées, 
  • la Case del Jutge où résidait le magistrat de la Ville de Mosset,
  • le grenier à blé, ancienne grange aux dîmes avec ses fenêtres géminées,
  • la Capelleta, sur les ruines de la chapelle du château, église de style roman dites aussi église Sainte Marie dels Vedrinyans, actuellement désaffecté, rénovée et lieu culturel,
  • les portes de la Ville dont le vestige le plus marquant est le Portal de Coma Gelada qui a conservé tous ses appareillages en pierre de granit, d’autres particulières, bien qu’adaptées aux besoins d’accès dans le village (charrette, charrois), que sont le Portal de França et sa coursive haute, le Portal de Santa Magdelena qui conserve dans une vitrine sécurisé la statue de Notre Dame de Jau,
  • les fours à pain individuels dont il reste quelques vestiges conservés rénovés accrochés aux façades,
  • les cortals, orris et cabanes témoins de l’activité pastorale et la pratique des estives dont il reste environ 200 ruines associées aux sources et feixes pour la culture,

Un réseau de chemins de la ville de Mosset à Conat, Ria, Urbanya, Montfort, Sournia, Counozouls, Campôme, Molitg … et desservir les hameaux de la Carole et Brézes.

Notre Dame de Corbiac

Chapelle Notre-Dame de Corbiac 

A l’origine, une légende : deux bergers intrigués découvrent une sorte d’autel rustique formé par les branches de l’arbre et une petite Vierge en bois tenant l’Enfant Jésus. Ils la portent à la chapelle de Riquer près de Catllar mais quelques jours plus tard le corbeau indique la présence de la statue dans le même arbre. A cet endroit, les habitants construisent une chapelle.

La chapelle et le monastère de Notre dame de Corbiac  furent fondés en 1062 par le chevalier Béranger de Corbiac, celui-ci ayant pris le nom de l’édifice, Corbiach, issu du latin corvus signifiant corbeau, en référence à une légende chrétienne sur les raisons de la fondation du monastère. Un corbeau orne d’ailleurs les armes du monastère. Construite aux 10, 11 et 12ieme siècles, la chapelle est citée en 1334 dans un acte de donation sous le nom de Ecclesia Sanctae Mariae de Corbiaco… Propriété privée inscrire aux monuments historiques.

Statue Sainte Marie de Jau ou de Clariana

Datée du premier quart du XIVe siècle, elle appartient à la commune de Mosset et est placée dans une niche du Portal de Santa Magdalena, au sein de l’enceinte fortifiée du village.




jardins village mosset
jardin vivrier de l'porta mosset

Patrimoine agricole en Conflent

Les feixes, terrasses agricoles en pierre sèche caractéristiques des régions catalanes et pyrénéennes, permettent de cultiver sur des pentes abruptes tout en empêchant l’érosion et en facilitant la gestion de l’eau. Issues d’un savoir-faire ancien, ces structures maximisent l’exploitation des sols et stabilisent le terrain, créant des microclimats favorables à la biodiversité. Écologiquement bénéfiques, elles abritent une faune et une flore variées et renforcent la résilience des sols. Malgré le défi de leur entretien face à l’abandon de l’agriculture de montagne, les feixes sont aujourd’hui valorisées pour leur rôle dans l’agroécologie et le tourisme rural, incarnant un modèle de gestion durable et inspirant pour le futur de l’agriculture.

 

Les horts de Mosset sont des jardins traditionnels en terrasses créés pour l’agriculture locale dans un environnement montagneux difficile. Datant de plusieurs siècles, ils utilisent un système d’irrigation alimenté par les cours d’eau, permettant la culture de légumes, plantes aromatiques, et parfois de vignes et d’arbres fruitiers. Les murs en pierres sèches stabilisent le sol et facilitent le drainage, contribuant ainsi à la fertilité des sols et à la préservation de la biodiversité locale. Les horts favorisent l’autosuffisance alimentaire, réduisant l’empreinte carbone des habitants. Patrimoine culturel et écologique, ces jardins incarnent l’adaptation et le respect de la nature par les habitants. Toutefois, le changement climatique et l’abandon de l’agriculture traditionnelle menacent leur préservation, bien que des initiatives locales et écotouristiques visent à les restaurer et à promouvoir l’agriculture durable. Les horts de Mosset rappellent l’importance de protéger ce patrimoine qui enrichit les paysages et les traditions pyrénéennes



canal d'irrigation à mosset

Les canaux d'irrigation

 Les canaux de Mosset, sont des systèmes historiques d’irrigation construits dès le Moyen Âge pour acheminer l’eau des montagnes aux terres agricoles et aux foyers du village. Ces ouvrages, en pierre et terre battue, suivent un tracé complexe à travers la vallée de la Castellane et comprennent des vannes pour réguler le débit selon les besoins saisonniers. En plus de leur rôle agricole, ils favorisent la biodiversité locale en créant des habitats pour diverses espèces. Véritables symboles culturels, les canaux représentent un patrimoine précieux, entretenu de génération en génération. Avec les défis actuels liés au climat, leur préservation est essentielle, et des projets de restauration et de valorisation permettent de protéger cet héritage tout en sensibilisant les visiteurs à l’ingéniosité des anciens dans la gestion de l’eau.

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